Parcoursup le retour … La plateforme nationale qui permet aux élèves de Terminale et de Bac + 1 en réorientation de s’inscrire dans la plupart des formations supérieures va devoir faire ses preuves ; elle ouvre dans une ambiance survoltée du côté des lycéens comme du côté des enseignants. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est attendue au tournant… en espérant qu’il ne s’agira pas d’un rond point pris d’assaut par des gilets jaunes alliés à des stylos rouges !
Parcoursup revendique une noble vocation en lien avec la fameuse « loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel » : aider chaque jeune à mieux s’orienter et à mieux s’insérer dans l’enseignement supérieur. Il semble pourtant que ce soit compliqué en l’état actuel de notre système éducatif …
La loi des grands nombres
La problématique de départ est de caser plus de 800 000 élèves dans un établissement supérieur. C’est pourquoi Parcoursup, qui est un grand progrès par rapport à son ancêtre APB, fonctionne comme elle sous forme de moulinette des notes : c’est facile, c’est rapide et cela peut paraître justifié. Il faut féliciter le Ministère qui a introduit l’an dernier de nouveaux éléments dans la procédure afin de la rendre plus humaine et plus transparente. (Rappelons que cela faisait suite à une mise en demeure de « cesser de prendre des décisions concernant des personnes sur le seul fondement d’un algorithme et de faire preuve de plus de transparence »). Une petite révolution culturelle qui a conduit à la suppression du classement des vœux et à la mise en place des « attendus », de la « fiche Avenir », de la production d’un CV et d’une lettre de motivation par les candidats. De belles intentions … Mais sérieusement, est-ce que toutes les formations – et notamment les filières publiques « tendues » – peuvent s’engager à avoir une lecture de chaque dossier par un enseignant ? Bien sûr que non ! Ce qui sous-entend que des centaines de milliers de lettres de motivation sont écrites (ou parfois pompées sur internet) … pour rien. Quel gâchis !
La quadrature du cercle
Par ailleurs, aucune procédure ne peut repousser les murs ni créer de nouvelles places dans les amphis bondés des universités qui drainent plus de la moitié des effectifs gérés par Parcoursup. Des jeunes vont forcément – encore cette année – rester à la porte du supérieur ; mais finalement assez peu (66 000 en septembre 2018). Pour contrer ce phénomène qui nuit considérablement à l’image de Parcoursup, le Ministère a travaillé sur plusieurs axes, dont :
1) un calendrier plus compact qui devrait donc libérer des places plus tôt pour les non-admis : pourquoi pas !?
2) la communication par les établissements, en plus du classement du candidat sur la liste d’attente, du rang du dernier intégré de l’année passée pour que le jeune puisse mieux évaluer ses chances : oui, bien sûr !
3) l’intégration de nouvelles formations dans la plateforme pour augmenter globalement le nombre de places proposées via Parcoursup, sachant que le Ministère a évoqué l’idée d’imposer cette procédure de recrutement à toutes les formations publiques et peut-être même privées : c’est là que le bât blesse !
Tout d’abord parce que le nombre de places disponibles au total ne va pas être plus élevé. Il s’agit seulement d’un transfert qui ne pourra en aucun cas améliorer la bonne adéquation entre la formation et le profil de l’étudiant.
Un problème mal posé ?
On reste ici dans une vision quantitative alors que le sujet est qualitatif. L’orientation est avant tout une question individuelle et renforcer l’intervention de la procédure nationale ou envisager ce qui pourrait devenir un monopole me paraît non seulement liberticide mais également inefficace. Les chiffres de réussite dans le supérieur sont alarmants, comme le reconnaît le Ministère : à peine plus de 40% des nouveaux bacheliers réussissent en Licence 1 – cela devrait être une grande cause nationale !
Or, il ne s’agit pas toujours d’un problème de niveau académique mais de mauvaise orientation avec des choix faits par défaut ou sur des critères qui ne valorisent pas les différentes facettes de l’individu.
Et pour la fraction des éléments qui s’écartent de la moyenne ?
Qu’en est-il des profils atypiques ?Ces jeunes créatifs, ces fortes personnalités, ces futurs entrepreneurs, par exemple, qui peuvent connaître des difficultés pour rentrer dans le moule que leur propose le lycée mais qui souvent s’épanouissent plus tard ? Il y a de fortes chances qu’ils soient mal évalués et plombés par des appréciations défavorables. D’autant qu’à ma connaissance, très peu de lycées ont un véritable suivi de leurs anciens élèves au delà du bac. La question se pose : le corps enseignant du secondaire est-il vraiment légitime pour préjuger de la réussite de tous les élèves ? Connaît-il suffisamment la diversité des différentes formations et les évolutions du monde du travail ?
Les établissements qui choisissent de recruter leurs étudiants sans passer par la plateforme nationale recherchent avant tout des profils, des personnalités, des talents. Leurs procédures de recrutement sont souvent plus longues, plus complexes, plus coûteuses donc, avec des concours propres ou des épreuves originales parfois. Dans ce cas, les notes et les bulletins ne sont pas prépondérants. Certains établissements ne les regardent même pas. C’est pourquoi chez Mental’O, nous recommandons aux jeunes qui ne sont pas en tête de classe une double stratégie qui intègre des candidatures hors de la procédure nationale.